Au commencement était le téléphone.

Chez le client, le "point de terminaison de ligne", après avoir été longtemps une rosace fixant le câble au mur, est devenu une "prise T", horreur technique. Heureusement, on peut espérer la généralisation du câblage à base de RJ45.

Chez FranceTelecom, votre câble est (presque) directement relié à un bazard technique fournissant tout ce que l'on attend d'une ligne téléphonique : alimentation, sonnerie, tonalités, voix de tante Gertrude...

Entre les deux, la "Boucle Locale", une ligne à deux fils entortillés  sur eux-mêmes relie votre prise et la "tête de câble". Je vous passe sous silence le "point de concentration", les "sous-répartiteurs" et l'idée que quelques milliers de vos voisins vous accompagnent.

Il y eut une préhistoire où un modem RTC occupait la ligne et procurait un web à vitesse de tortue fatiguée.

Puis FT se décida à proposer l'adsl.

Il nous fit pleurer à chaudes larmes devant l'ampleur des investissements nécessaires. Dans chaque établissement local (le NRA), il fallait ajouter les équipements adsl et un filtre pour chaque client abonné à l'adsl. Ce filtre mélange les signaux adsl et téléphone. Sa déficience est la cause de nombreux soucis du type "désynchro adsl sur activité de la ligne FT".

La ligne reste inchangée.

Chez le client, un filtre élimine les crachottements résiduels de l'adsl dans le téléphone. Le modem adsl reçoit la ligne directement par un branchement annexe du filtre.

C'était l'époque de 512 kbits, un progrès décisif.

Arriva un temps où l'on créa l'Arcep, ou Art, pour tenter d'imposer l'idée de concurrence à FT.

FT proposa des solutions de "collecte" où il utilisait ses équipements en place pour livrer aux opérateurs concurrents le "trafic" de leurs clients, contre une confortable rémunération d'acheminement.

Cette solution est connue sous le nom d'IP/ADSL .

Elle ne change pratiquement rien à l'architecture technique. Tous les clients restent "groupés" sous l'aile paternelle de FT.

L'IP/ADSL permet la greffe du téléphone sur internet qui sera proposé par divers FAI.

Après des études savantes et quelques aménagements des locaux, vint le temps de la "cohabitation".

FT "invita" les autres opérateurs à installer leurs propres équipements dans un local séparé. Un "câble de renvoi" rend la ligne du client accessible à l'opérateur. Bien sûr, l'espace et l'accès à la ligne sont loués par FT, propriétaire : il n'y a pas de petit profit. Accessoirement, il ne s'agit pas que n'importe quel gueux se promène dans les locaux secrets de FT, Défense Nationale oblige ! Le personnel des Fai est donc cantonné dans son local. Ft est seul maître à bord sur tout ce qui se trouve entre le "point de terminaison de ligne" chez le client et la "limite de responsabilité" du côté du FAI. Ca laisse quelques possibilités de "trainer les pieds" dont on observe les conséquences ça et là dans les news ou les forums.

C'est le Dégroupage, dans sa version Dégroupage Partiel (FT fournit encore son téléphone).

Dès l'instant où le client a accès l'adsl et au téléphone sur adsl du FAI choisi, pourquoi conserver le téléphone FT et sa redevance d'abonnement ?

Il suffit de se manifester auprès de son FAI (attention : pas auprès de FT). Le FAI transmet la demande à FT, devient le client de FT pour cette ligne à la place de l'abonné, et FT débranche son filtre et son équipement téléphonique.

Chez le client, le téléphone FT devient muet et on l'enlève avec son filtre. Dans la pratique, si on n'a rien d'autre pour brancher le modem, on peut utiliser le filtre. Dans ce cas, le filtre a un rôle de jonction mécanique seulement.

C'est le Dégroupage Total.