Prises : de courant, de téléphone.

Résumé des épisodes précédents : Ces deux petits carrés de plastique sont généralement voisins. Successeurs de la bougie et de la roue à aubes pour l'un, du Messager du Roy pour l'autre, ce sont les humbles vecteurs de l'Energie et de la Communication.

But : Comparons et notons les similitudes et les différences.

Prenons un instrument familier des électroniciens et totalement inconnu du commun des mortels : un oscilloscope.

Sur un écran quadrillé, cet appareil trace un graphique des variations d'une (ou deux) tensions dans le temps.

Le tracé commence à gauche et, plus ou moins vite, poursuit son chemin vers la droite.

Verticalement, l'opérateur discipliné réserve la ligne centrale à la "référence", pour nous, aujourd'hui, la terre.

Comme nous n'avons, pour le moment, introduit aucun signal sur les entrées, les deux traces restent sagement sur la ligne médiane.

Les deux traces ? Où ça ?

Là, à gauche, la ligne brillante, c'est deux traces superposées.

Maintenant, après le réglage convenable des sensibilité d'entrée, branchons les deux entrées sur les deux contacts d'une prise de courant, la référence restant à la terre.

La belle sinusoïde que voilà ! Un coup d'oeil sur le réglage de base de temps : 10ms par division. Une période complète occupe deux carreaux, donc, après un calcul épuisant, on observe bien une période de 20 ms soit une fréquence de 50 Hz. C'est bien conforme à ce que nous savons des performances de notre électricien national.

Bravo, mais que signifie cette barre restant au niveau zéro et où puis-je trouver mes 230 volts réglementaires ?

En France, EdF distribue aux abonnés une phase et le neutre. A la sortie du transformateur, le neutre est mis à la terre. Il est donc bien normal que l'un des deux fils de la prise soit pratiquement au potentiel de la terre.

La sensibilité verticale est de 200 V/div. Nos 230 V efficaces se lisent ici environ 650 V entre les pointes hautes et basses, on dit crête à crête ou càc.

Faisons une expérience : branchons ce radiateur de 1500 Watts sur la prise.

Le tracé n'a pratiquement pas bougé. La prise se comporte comme un générateur presque parfait : sa résistance interne est faible et la tension de sortie est idépendante de la charge, du moins dans nos conditions de mesure.

Concluons qu'il n'est pas sain de saisir les conducteurs de cette prise à pleines mains : c'est vraiment dangereux et il ne faut pas compter sur l'écroulement du générateur.

Observons qu'il devient simple de se protéger de l'accident électrique le plus probable : le contact avec un conducteur sous tension.

Si un malchanceux est en contact simultanément avec la terre (le robinet du lavabo) et un conducteur sous tension (le fil usé de l'applique métallique mal fixée), il commence une carrière de conducteur électrique improvisé.

Heureusement, son installation comporte le disjoncteur normalisé qui mesure cette "fuite" et coupe avant la limite dangereuse.

On évitera donc de bricoler une prise de courant sous tension. Il est facile et sain de couper le courant le temps de l'intervention.

Passons au téléphone, avec une sensibilité de 30V/div.

A gauche, les deux fils de la ligne de France Télécom au repos sont l'un à zéro volt, l'autre à -50V environ.

A droite, on a décroché le téléphone. La tension sur chaque fil s'est rapprochée de l'autre d'une même quantité et il reste une douzaine de volts entre les deux. Le courant qui s'est établei dans la ligne est de 30mA environ.

Raccrochons et attendons qu'un complice caché nous appelle.

L'image au-dessus à gauche devient celle-ci (à droite). On voit deux sinusoïdes en opposition de phase dont les valeurs moyennes sont décallées de 50V environ. La tension càc est de 100V environ.

 

C'est conforme à ce que nous savons des signaux présents sur une ligne analogique normalisée.

Entre les conducteurs de la ligne, à la tension continue (50V environ) est ajoutée une tension alternative à 50Hz de 70V efficace environ (= 200V càc), pour exciter le circuit de sonnerie du téléphone.

La prise de téléphone présente des tensions nettement plus faibles que sa voisine. Ces tensions viennent de chez France Telecom et il n'y a pas de disjoncteur permettant de les couper. Cependant, elles arrivent chez vous au travers de circuits résistifs qui font s'écrouler la tension dès qu'un courant est demandé. Il n'y a donc pas de danger à toucher les conducteurs. Seule, la tension de sonnerie, si quelqu'un vous appelle au mauvais moment, est capable de chatouiller la main, particulièrement si la peau est mouillée. Toutefois, la vie de l'intervenant n'est jamais en danger. Enfin, si vous mettez en court-circuit les fils de la ligne, il ne se passe rien : dès que la ligne est libérée, on retrouve les tensions habituelles.

La même mesure, aux bornes de la ligne fournie par la Box d'un FAI, montre, au repos, une tension légèrement inférieure aux 50V de FT.

Au décroché, un courant comparable s'établit, occasionnant une chûte de tension du même ordre. Toutefois, on voit que les deux poles n'ont pas le même comportement : celui qui est coté référence (-alimentation) ne varie pratiquement pas.

L'observation de la tension de sonnerie montre une différence notable avec le signal de FT.

On y trouve bien deux pseudo-sinusoïdes en opposition, mais:

- il s'agit de variations de tension limitées à la tension continue de ligne

- la sinusoïde est reconstituée grossièrement par une dizaine de palliers et très déformée.

Ce "signal de sonnerie du pauvre" justifie les observations anciennes.

La ligne téléphonique TOIP fournie par votre Box est bien une ligne analogique comparable à celle de France Telecom, mais un peu dégradée. Pour le signal de sonnerie, elle est même quelquefois franchement limite, ce qui vous limitera dans le choix et surtout dans le nombre des appareils que vous pourrez brancher dessus, ou alors il faudra employer un correcteur. D'autre part, les ligne de FT sont robustes. Celle sortant de la boîte ne le sont peut-être pas autant. Alors, si vous n'êtes pas absolument sûr de ce que vous faites, évitez de la surcharger, de l'envoyer n'importe où, ou de la mettre en court-circuit...

 

Page crée le 29-Oct-2009
Page modifiée le 29-Oct-2009