Epaule-tout.

Je vous parle d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître.
Le PC, en ce temps-là, n'existait pas. La machine que chacun convoitait se nommait Apple ][. Le processeur 8 bits était cadencé à 1 MHz (attention, pas 1 GHz). Il était livré en standard avec 16 ko de mémoire. Moyennant une fortune, on pouvait ajouter 48 ko, mais les derniers 16 ko ne pouvaient servir qu'à installer l'interprêteur Basic et/ou le DOS du lecteur de disquettes (simple face, 140 ko). Ce n'est que plus tard qu'on a parlé de disque dur (10 Mo).

Les adeptes de l'ordinateur personnel demeureront éternellement reconnaissants de cette merveille à ses deux pères américains : le bavard Steeve Jobs et l'éminent électronicien et informaticien Steeve Wozniak. C'est lui qui a mis sur le marché la première machine universelle et évolutive grâce à des connecteurs pour des cartes enfichables. IBM, pour son PC, n'a fait que reprendre l'idée.

A cette époque, nous étions quelques-uns, électroniciens à la base, qui cherchions à maintenir une connaissance le plus à la pointe possible, en dépit de l'hostilité des servants de l'informatique "officielle" (adepte, elle, pour quelques années encore, de la carte perforée !). Chaque créateur se faisait un devoir de publier, ou de laisser publier, ses schémas et ses programmes. Mais pénétrer dans ce nouveau monde restait une entreprise folle : le summum du progrès, en électronique grand public, c'était des téléviseurs à lampes...

C'est alors que celui qui avait toujours été Geo, mais pas encore Vieux, se dit que, s'il avait compris l'architecture de la bête, il pouvait en faire une copie, entièrement différente mais totalement compatible. Par exemple, un démultiplexeur, ce n'est qu'un assemblage de portes...

C'est ainsi qu'est né l' Epaule-tout, montage unique, entièrement assemblé main, compatible Apple ][, mais sans aucun circuit identique. Ce n'est pas spécialement économique : les boîtiers y sont environ trois fois plus nombreux et la consommation n'a jamais été mesurée exactement.

Pour ne pas réinventer la roue (boîtier, alim, écran), j'ai réutilisé cet ancêtre de moniteur. Son alim, énorme, devait nourrir des centaines de boîtiers TTL.

Ouvert, on constate des modifs profondes: une carte sous le clavier et l'aspect incomplet du panier à cartes.

Les cartes ont été réalisées sur des circuits imprimés à pastilles spécialement créés pour l'occasion . Perçage, câblage : à la main.

Le fond de panier a, lui aussi, été dépouillé et refait. A droite, sous le clavier, c'est un véritable micro ordinateur qui convertit le codes du clavier d'origine en code Apple. On y trouve un 6802, son horloge, sa RAM, ses I/O, sa ROM. Faute d'un cross-assembleur, le code a été créé à la main sur papier, codé et entré dans la ROM en hexa : trois mois de débugage...

Détail du panneau avant : à 1 MHz, on croyait encore à l'utilité de ralentir la machine. A l'époque, on trouvait ce type de lecteur 8 pouces. En modifiant le DOS, on pouvait exploiter les 80 pistes et le petit inter, en bas donnait le choix de la face. Mais il avait été nécessaire de créer la carte d'adaptation.

Page crée le 12-jui-06
Page modifiée le 03-Aoû-2007